Toucher

Le percussionniste est vraiment à la fête avec ces sept pièces de Globokar. Non content de taper sur d’innombrables instruments habituels, il doit également en faire sonner bon nombre d’inhabituels (inclus tout l’instrumentarium africain, asiatique, européen, enfantin, domestique, ésotérique et même délirant) et, de surcroît, donne de la voix comme effet percussif. Un exercice d’une difficulté extrême que l’on perçoit le mieux dans Toucher et dans Pensée écartelée ; ce dernier titre, d’ailleurs, résume fort bien le mode de pensée de Globokar : faire apparaître simultanément des phénomènes sonores a priori incompatibles. Mais la recherche de l'originalité se trouve aussi dans les titres de ses pièces, qui se veulent ésotériques : par exemple, Kvadrat pour "Quadrat" est un persiflage que l'on pourrait transcrire en français par "karré" ou "quarré" ; de même pour Tribadaboum qui est une facétie. C’est le percussionniste Matthias Kaul qui, doué d’ubiquité lorsqu’il le faut (par le truchement du re-recording) se charge de nous faire découvrir ces œuvres très inhabituelles, aux timbres incroyablement variés et étonnants, représentatives d’un mode d’écriture (bruitage, diront certains...) né dans les années 60-70.
(Abeille Musique AMCD 2005)